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Categories: artistes

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Mettre L’épaule / Meter el hombro


Le 20 juillet 2019.
Documentation complète dans le site de Fritta Caro >>>

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Altérophilie ou Les jeux de force de Fritta Caro comprend une série de performances, incluant le deuxième mouvement Mettre l’épaule, qui propose une nouvelle occupation du Parc des Hommes-Forts dans laquelle Les jeux de force de Fritta Caro vont mettre à l’épreuve les identités qu’elle convoque.

Inspirée par Louis Cyr, dont le monument hommage domine le Parc des Hommes-Forts à Montréal, Fritta Caro reprend les mouvements premiers de l’haltérophile, l’arraché et l’épaulé-jeté, pour créer l’Altero(s)philie; un traité sur l’amour des autres. Sa proposition comprend un tutoriel et une nouvelle occupation du parc situé au cœur du quartier St-Henri. Ces différentes actions combinées visent à mettre en lumière les jeux de force présents dans l’utilisation de stéréotypes qui mènent à la construction de nouvelles identités.

À l’été 2018, Fritta Caro a performé dans ce même lieu L’arraché, le premier mouvement, dans lequel elle tentait de déjouer les catégories qui la guettent: femme, artiste, immigrante, personne de couleur, latino, artiste de la diversité, minorité invisible, citoyenne d’origine étrangère. Un an plus tard, elle retourne au Parc des Hommes-Forts avec ses valises remplies de doutes et de nouveaux questionnements.

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Pour la réalisation du deuxième mouvement; Mettre l’épaule*, elle a choisi la date du 20 juillet, fête nationale de son pays d’origine, la Colombie. Elle nous propose ici une nouvelle occupation du Parc des Hommes-Fort, qu’elle transformera à sa guise en espace d’atelier. Pour sa dernière sortie dans ce lieu chargé, Fritta Caro mettra en dialogue les identités nationales et les stéréotypes de genre, avec un invité spécial : « Le tablier des incarnées », objet hautement symbolique, porteur de sa mémoire affective et d’une partie de l’histoire contemporaine de la Colombie. Entre la rencontre, le chevauchement et la dissonance, les actions perpétrées par l’artiste ouvriront des brèches, à même ces monuments et emblèmes représentatifs de nations distinctes et de symboles fortement institués.

Manipulation du "Tablier des incarnées" par Noémi McComber

Manipulation du « Tablier des incarnées » par Noémi McComber

*Mettre l’épaule; variation du nom du deuxième mouvement, mettre l’épaule est aussi la traduction de l’expression colombienne Meter el hombro qui veut dire s’engager dans l’action.

L’araignée

DARE-DARE et Le collectif L’Araignée présentent
au Parc des Hommes-Forts
(intersection des rues de Courcelles et Saint-Antoine Ouest, Saint-Henri)
Le 19 août à 17h 2018

Altérophilie ou les jeux de force de Fritta Caro

Documentation complète dans le site de FRITTA CARO >>> 

Cette nouvelle série de performances de l’artiste débute par L’arraché, une occupation du Parc des Hommes-Forts où les Jeux de force de Fritta Caro vont mettre à l’épreuve les identités qu’elle convoque.

Dans un contexte social tendu où les demandes de reconnaissance émergent dans le milieu culturel, Caro s’expose au choc des stéréotypes et des classements politiques de son corps – femme, artiste, immigrante, personne de couleur, latino, artiste de la diversité, minorité invisible, citoyenne d’origine étrangère. Cherchant à déjouer et à contourner les pièges qui la guettent, elle remet en question les approches institutionnelles de l’altérité et les nous autres qui définissent eux autres.

Biographie

Fritta Caro est une fiction qui peut se concevoir comme un de mes alter ego. Ce personnage est né en 2007 à Côte-des-Neiges, un des quartiers de destination des nouveaux arrivants à Montréal. L’histoire de Fritta Caro est composée d’une succession d’actes d’accommodements qui vont de l’adaptation au mode de vie québécois à la redéfinition de ses attentes et de son avenir en cette terre promise. La concrétisation de ces ajustements passe inévitablement par un remaniement accéléré de l’identité. Pour rendre visible ce mécanisme d’intégration, Fritta Caro adopte le stéréotype de l’artiste latino-américaine et s’habille avec un uniforme d’athlète canadienne. Ce collage de références culturelles et d’identification nationale exprime les incohérences d’un cheminement superficiel d’intégration et l’adoption d’une identité factice.

Antécédents

Après des années d’interventions dans les lieux publics (rues, centres d’achat et centres de diffusion de l’art), j’ai voulu mettre fin à la vie de ce personnage. Prise entre le dépit face à l’identité nationale d’origine et les enjeux liés au territoire que j’habite, les symboles nationaux sont devenus des outils d’expressions lourds. Ils demeurent pour moi des barrières pour un dialogue fluide et déhiérarchisé. C’est pourquoi j’ai voulu me débarrasser d’elle, la Caro, de cette fiction qui porte sur son corps des conventions territoriales. Or, à chaque effort, on me rend ses morceaux (Identité et identification, Québec, 2015). À une occasion, elle a été vendue en encan (Sainte-Thérèse 2010), mais l’acheteur m’a laissée plantée là. La rencontre était ratée et la promesse d’un échange du personnage contre dix pots de confitures de vraies fraises québécoises n’a pas eu lieu. J’ai l’impression d’être arrivée à une croisée des chemins : ou bien la Caro veut simplement rester avec moi, ou bien les questions qu’elle incarne ne sont pas encore résolues.

En 2015, dix-sept ans après mon arrivée à Montréal, le sentiment d’appartenance que j’avais construit était remis en cause. J’ai réalisé à ce moment que la participation des personnes issues des « communautés culturelles » aux manifestations étudiantes du printemps érable de 2012 étaient demeurées invisibles à un grand nombre d’observateurs, de façon beaucoup plus importante que je ne me l’imaginais. J’ai alors compris à quel point notre implication dans les enjeux politiques demeurent invisibles pour une grande partie de la société d’accueil. Devant ce fait, le clivage entre nous et les autres reste incontournable. C’est décourageant que de se faire dire subrepticement « je suis ici et vous êtes là, occupés à vous intégrer ». Pour rendre visible cette perception trouble de l’autre, je me suis engagée avec Fritta Caro à développer la série Minorités invisibles, un antécédent qui a semé la base d’Altérophilie ou les Jeux de force de Fritta Caro.

Helena Martin Franco

Parc des Hommes-Forts

Parc des Hommes-Forts
Photo: L’Araignée

►DARE-DARE. AU TRAVERS DE : incursions, gestes et postures
Laboratoire d’exploration en interventions urbaines performatives_Volet 2

À propos de Fritta Caro: http://frittacaro.helenamartinfranco.com/fr/

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Caméra : Noémi McComber