« Avec des moyens qui relèvent de la rencontre, de l’action performative et de la collecte de données de toutes sortes, j’enclenche des processus qui sondent certains aspects de l’expérience humaine. Mes projets se déploient généralement sur de longues périodes en relation avec des contextes de recherche variés, souvent dans des milieux de vie ou de travail; ils impliquent la participation d’individus et de communautés dans la production de signes, de traces et de récits. J’exploite des consignes et des protocoles dans ces processus pour rendre perceptibles des choses habituellement négligées ou difficiles à représenter, des univers hors champs, retenu ou en attente. Certains de mes travaux restituent, sous forme d’œuvres-collections, les traces de ces chantiers de recherche et d’échanges. Le geste d’extraire ces traces d’une dimension quotidienne pour les constituer en archives permet un autre regard. L’invisible devient tangible, le détail se fait immense et révèle l’infini, le commun dévoile une proximité partagée. D’autres projets en performance explorent des états d’attention et d’engagement. Par le biais de contraintes – aveuglement, encombrement du corps, suppression du visage – je positionne mon travail (le « faire », le processus) dans un déplacement, hors de la vision et dans la «démaîtrise» pour provoquer un état de dépossession, de perte.
Être artiste, suivant cet esprit, c’est faire l’expérience de ses limites, ébranler l’idée d’une réalité statique, défaire les schémas rigides et travailler dans un mouvement qui accepte l’inconfort. »
Raphaëlle de Groot
Bio
Raphaëlle de Groot est née en 1974 à Montréal, au Canada. Elle est engagée depuis 1997 dans une pratique artistique qui comprend le dessin, la performance, l’installation, la vidéo, l’édition et le commissariat d’exposition. Ses réalisations antérieures incluent, entre autre, 8x5x363+1 mené en collaboration avec la Cittadellarte-Fondazione Pistoletto à Biella, en Italie, (2002-2004) et En exerciceproduit à la Galerie de l’UQAM à Montréal, accompagné d’une importante monographie (2006). En 2009, elle commence Le poids des objets à la Southern Alberta Art Gallery (SAAG, Lethbridge), une recherche à long terme qui trouve son aboutissement dans les expositions Rencontres au sommet, présentées à la SAAG (2014), à la Art Gallery of Windsor (2015) et au Musée national des beaux-arts du Québec (2016).
En 2013, Raphaëlle de Groot réalise une performance lors des journées d’ouverture de la 55e Biennale de Venise — l’événement est présenté par la Galerie de l’UQAM et le Conseil des arts et des lettres du Québec sous le commissariat de Louise Déry. Le film Raphaëlle de Groot à Venise est ensuite présenté au 32e Festival international du film sur l’art sous un commissariat de Nicole Gingras et dans le cadre de l’exposition collective Material Girls (2015, Dunlop Art Gallery), actuellement en circulation au Canada.
Raphaëlle de Groot a reçu plusieurs distinctions dont le Prix Pierre Ayot en 2006, le Prix Graff en 2011 et le Prix artistique Sobey en 2012. Elle détient une maîtrise en arts visuels et médiatiques de l’Université du Québec à Montréal (2007). Elle est présentement membre du conseil d’administration du centre Turbine.
Montréal, le 13 juillet 2015. Ruelle entre l’avenue Parc et les rues Hutchison, Bernard, Van-Horne, terrain vague du coin de la rue Van Horn et l’avenue du Parc et rue Hutchison au coin de la rue Lajoie.
Documentation photographique de kimura byol Lemoine
Plus sur Raphaëlle de Groot >> http://www.raphaelledegroot.net